Bonjour, le livre d’aujourd’hui a été choisi parce que c’en est un « avec du rose sur la couverture », comme demandé dans la 30ème thématique de la liste.

 Les impatientes, de Djaïli Amadou Amal

 Paru tout d’abord sous le titre (que je trouve plus parlant) « Munyal, les larmes de la patience », Les impatientes nous dresse trois tableaux de femmes peules camerounaises, Ramla, Hindou et Safira, dans une société musulmane dans laquelle les filles ne s’appartiennent pas, mais sont sous l’autorité de leur famille au sens élargi.

 Dans le premier tableau, Ramla, qui termine ses études secondaires, ce qui est rare pour les femmes de sa famille, se voit forcée d’épouser un homme déjà marié choisi pour elle par son père et son oncle, alors qu’elle avait d’autres aspirations.

 Dans le second tableau, Hindou, demi-sœur de Ramla, épouse sous la contrainte son cousin Moubarak, bon à rien excessif à tous les niveaux.

 Dans le troisième et dernier tableau, Safira, unique épouse durant 20 ans de son mari dont elle est amoureuse, voit son monde s’effondrer lors de l’arrivée d’une co-épouse plus jeune et moins marquée par les grossesses qu’elle.

 Ce roman, qui se présente sous la forme de trois témoignages, est rédigé de façon à aller à l’essentiel, avec des phrases courtes et beaucoup de dialogues. Les femmes qui y sont décrites vivent une vie qu’elles subissent la plupart du temps, et dans laquelle soit elle se résignent, soit elles luttent à leur manière en utilisant les petites marges de manœuvres qu’elles peuvent trouver, soit, il ne leur reste qu’à mourir... Et dans laquelle également toute tentative de résister, de s’échapper, est réprimée par le groupe, en agitant la honte des parents pour travailler le sentiment de culpabilité.

Mariage forcé… Munyal, patience… Polygamie… Munyal, patience… Viol… Munyal, patience, violence… Munyal, patience… Jalousie et coups bas… Munyal, patience… La femme est là pour se soumettre aux volontés de son mari, et à la volonté de Dieu, et donc les choses se passent forcément de la manière dont elles doivent se passer, ce qui fait que même devant l’innommable, les familles n’interviennent guère que pour rappeler que… Munyal, patience.

Une lecture dure, dans laquelle Djaïli Amadou Amal, elle-même passée par une expérience assez similaire, dépeint sans fard, avec des descriptions qui nous explosent à la figure, la réalité de vie d’un grand nombre de femmes au nord du Cameroun. Un livre à lire.

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