MAUS, Art Spiegelman

Depuis longtemps sur la liste des livres qu’il faudrait un jour que j’achète et que je lise, le huitième livre de ma liste, « Un livre qui a gagné un prix », en l’occurrence, le Prix Pulitzer, est revenu à mon esprit suite à son interdiction pour son contenu inapproprié par une école secondaire du Tennessee (il y aurait dedans 8 mots vulgaires et 1 femme nue…) J’ai donc acheté et lu ce roman banni.

Ce roman graphique en noir et blanc nous raconte, à travers la voix de Vladek, le papa, l’histoire des parents de l’auteur, Juifs polonais, depuis leur rencontre dans les années 30 jusqu’à leurs retrouvailles à la sortie de la guerre. 




Dans cette histoire animalière, dans laquelle les Juifs sont représentés par des souris, les Allemands par des chats, les Polonais par des cochons, les Français par des grenouilles et les Américains par des chiens, l’Holocauste nous est racontée dans toute son horreur.

En parallèle, nous sommes plongés dans cette relation père-fils imprégnée de ce passé inimaginable pour ceux des générations actuelles.

En dépit du caractère austère du dessin, qui ne doit pas plaire à tout le monde (noir et blanc, hachures pour les jeux d’ombres, personnages qui se ressemblent tous, traits simples, mais images assez chargées, également à cause du texte fort présent à chaque page), Maus ne devrait certainement pas être retiré des programmes scolaires sous prétexte de vulgarité. Il exprime l’horreur d’une manière simple et accessible, en montrant des personnages qui, s’ils ont des traits animaliers, sont profondément humains tant dans leurs qualités que dans leurs défauts. Ce livre est le gardien d’une réalité dont on a le devoir de ne jamais oublier qu’elle a eu lieu.

En ces temps incertains, il nous permet aussi de réfléchir à ce qui s’est passé plus récemment ailleurs sur la planète, et se passe actuellement non loin de nous, et qu’on a tendance à oublier ou considérer que cela n’est pas de notre ressort alors que cela a eu lieu ou est en cours…

Emouvants, les personnages le sont par leurs travers ; les principaux protagonistes ont des caractères marqués et les relations entre eux ne sont pas embellies, et en même temps, à quoi s’attendre lorsqu’on parle de survie à ce point ? Survie du père qui est sorti des camps à force de courage, d’intelligence, de réactivité et d’opportunisme, survie du fils, assez cynique, qui grandit dans l’ombre de son frère mort, et dont la mère a fini par se suicider.

 Maus n’est pas l’histoire de la Shoah. Maus est l’histoire d’une famille qui a vécu la Shoah. Et c’est peut-être ce qui rend cette BD si unique.

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