Le soleil au bout de la nuit, Nicole Castioni

Il y a quelques semaines, Arte a diffusé une série suisse, intitulée « Sacha », dans laquelle Anne Dupraz, Procureure à Genève, était arrêtée après avoir tiré sur Gilles Sarreti, propriétaire d’une pizzeria. En 6 épisodes, nous comprenons les motivations de cette femme de loi. Ayant beaucoup apprécié la série et le jeu des acteurs, je me suis renseignée sur sa genèse, et il s’est avéré qu’elle a été écrite à partir d’un livre, dont je vais vous parler aujourd’hui, et que j’associe au 3^ème point de ma liste défi : « Un livre grand format » (par opposition, ai-je supposé, à un livre de poche !). Son auteure a d’ailleurs coscénarisé la série et, j’en parlerai également, parce qu’à mon sens, le livre et la série forment ensemble un tout.

Plutôt sous forme de récit que de roman, Nicole Castioni, juge assesseure et personnalité politique suisse, nous relate, dans ce livre écrit à la première personne à l’attention de ses filles, sa descente aux enfers, débutée dès l’enfance, son combat pour en sortir, son engagement dans le domaine de la prostitution et ses combats politiques.

Contrairement à l’introduction et à la conclusion, remplies de l’amour qu’elle porte à ses enfants, les mots couchés sur le papier tout au long des pages semblent l’avoir été à distance, froidement, et retranscrivent assez convenablement le mode survie/pilote automatique qui a dû être le sien durant un certain nombre d’années.

Si dans la série, on retrouve une plus grande part de fiction (il n’a jamais été question de tirer sur qui que ce soit dans le livre), on sent également que son écriture est postérieure, et que Nicole Castioni a avancé dans son travail de reconstruction. Ce qui n’est que suggéré à demi-mots dans le livre est clairement établi dans la série, qui dénonce l’inceste et le sentiment d’impunité que peuvent avoir les auteurs lorsque les faits sont prescrits au moment où la victime ose les dénoncer.

En résumé, c’est ici le récit d’une survivante, dont le partage de l’histoire explique à la fois comment on peut en arriver là, et également aux autres personnes qui seraient victimes du même parcours de jeune vie, que c’est possible de se relever, et de construire du beau et de l’utile, même si cela reste extrêmement difficile.