Purge, Sofi Oksanen
Tout au long de ce roman, les histoires d’Aliide, vieille femme estonienne vivant toujours dans sa ferme en 1992 au moment où le récit débute, et de Zara, jeune fille russe prostituée qui, dans sa fuite, arrive chez elle, s’entremêlent, dans des va-et-vient variant les époques et les lieux.
C’est ainsi que
nous découvrons une cinquantaine d’années de l’histoire d’Estonie qui, jeune
nation à l’époque, bascula durant la seconde guerre mondiale du régime
soviétique au régime nazi pour retourner au régime soviétique communiste et
toutes ses dérives, avant d’obtenir à nouveau son indépendance en 1991.
Ce qui frappe dans ce livre, c’est ce personnage principal tout sauf aimable, qui semble presque désincarné, qui opère machinalement, et dont l’instinct de survie est formidablement rendu, je trouve… au crépuscule de sa vie, Aliide est toujours bien là.
Cette histoire, à
la fois d’amour, de haine, de choix que l’on fait, de dépit, d’envie, de
naïveté, de fuite en avant ou au sens propre, est une histoire de survie et de
survivantes. Elle nous remet face à nous-même et au comment nous ferions dans
une situation identique. De quel côté serions-nous ? Serions-nous plus
nobles dans nos réactions ? Combattrions-nous pour nos convictions ou sauverions-nous
juste notre peau en dépit de celles-ci ? Rechercherions-nous la paix, ou
plutôt la vengeance ? Céderions-nous à la facilité ?
Ce livre, dont on
ne peut pas sortir indemne, nous ramène à nous-même, à un pan de notre histoire
européenne, et nous fait réfléchir quant à la fragilité et au prix de la
liberté et de la démocratie. Il résonne particulièrement en cette période plus
instable que nous vivons actuellement.
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